Croissance économique du Cameroun en 2025 : Analyse des moteurs et des défis
Une dynamique de croissance soutenue
En 2025, le Cameroun prévoit une croissance économique de 4,1 %, légèrement supérieure aux 3,8 % estimés pour 2024. Cette progression est principalement attribuée à la vitalité du secteur non pétrolier, avec une croissance projetée de 4,3 %. Les secteurs de l’agro-industrie, de la sylviculture et des services jouent un rôle central dans cette dynamique. L’agro-industrie, en particulier, bénéficie de politiques de promotion de l’excellence qualitative, notamment dans la filière cacao, permettant aux producteurs de tirer profit de prix exceptionnels. La sylviculture, soutenue par une demande accrue, notamment de la Chine, contribue également significativement au produit intérieur brut (PIB). Le secteur des services, qui représente une part importante du PIB, est dominé par les transports, le commerce, l’hôtellerie et la restauration, ainsi que les services financiers. Ces domaines ont montré une résilience notable, soutenant la croissance globale du pays.
Le secteur énergétique en mutation
Parallèlement, le secteur pétrolier connaît une croissance modeste, estimée à 0,3 % en moyenne sur la période 2023-2025, en raison de l’épuisement progressif des réserves. La production pétrolière, après avoir atteint un maximum de près de 180 000 barils/jour en 1985, a décru à 61 000 barils/jour en 2011 et représente environ 68 000 barils/jour en 2022. Toutefois, la production nationale de gaz est en hausse, contribuant positivement au PIB et aux exportations. L’exploitation du gaz a connu un essor grâce à l’installation, fin 2015, par Perenco, d’une unité de liquéfaction de gaz, dont la production en 2018 a atteint 35 000 barils équivalent pétrole/jour. Cette augmentation de la production gazière compense partiellement la baisse de la production pétrolière et offre de nouvelles opportunités pour l’économie camerounaise.
Réformes budgétaires et fiscales : des leviers cruciaux
Le gouvernement camerounais met en œuvre des réformes budgétaires ambitieuses pour améliorer la mobilisation des recettes et rationaliser les dépenses publiques. Ces mesures visent à réduire le déficit budgétaire, qui est passé de 1,1 % du PIB en 2022 à 0,9 % en 2023, et à diminuer la dette publique, estimée à 41,8 % du PIB en 2023. Les réformes fiscales incluent l’élargissement de l’assiette fiscale et la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales, afin d’accroître les recettes de l’État. Parallèlement, des efforts sont déployés pour améliorer l’efficacité des dépenses publiques, notamment en réduisant les dépenses non prioritaires et en renforçant la transparence et la responsabilité dans la gestion des finances publiques. Ces réformes sont essentielles pour assurer la stabilité macroéconomique et créer un environnement propice à la croissance économique.
Inflation maîtrisée, mais vigilance de mise
L’inflation, après avoir atteint 7,4 % en 2023, est projetée à la baisse, avec une estimation de 4 % en 2025. Cette tendance est attribuée au resserrement de la politique monétaire par la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC). Néanmoins, le taux d’inflation reste au-dessus du seuil de convergence de la CEMAC, fixé à 3 %, nécessitant une vigilance continue. La hausse des prix des denrées alimentaires, qui ont augmenté de 11,1 % en 2023, a été un facteur majeur de l’inflation élevée. Les autorités monétaires devront continuer à surveiller de près les pressions inflationnistes, en particulier celles liées aux prix des denrées alimentaires et de l’énergie, et ajuster les politiques en conséquence pour maintenir la stabilité des prix.
Perspectives et défis à surmonter
Malgré ces avancées, le Cameroun fait face à des défis majeurs, notamment la nécessité de diversifier davantage son économie, de renforcer la gouvernance et de promouvoir une croissance inclusive. Les tensions géopolitiques mondiales et les fluctuations des prix des matières premières constituent également des risques pour la stabilité économique du pays. La dépendance à l’égard des exportations de produits de base expose le pays aux chocs externes, soulignant l’importance de diversifier les sources de croissance économique. De plus, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour améliorer le climat des affaires, renforcer les institutions et promouvoir l’inclusion sociale afin de garantir que les bénéfices de la croissance économique soient largement partagés.
Le Cameroun dispose de bases solides pour maintenir sa dynamique économique en 2025. Cependant, le succès à long terme reposera sur sa capacité à consolider les réformes, à diversifier ses moteurs de croissance et à s’adapter aux évolutions du contexte mondial. Cette trajectoire sera déterminante pour bâtir une économie plus résiliente et inclusive.