Phénomène des « microbes » et couvre-feu à Douala : Impact sur l’économie locale

Depuis septembre 2024, Douala, la capitale économique du Cameroun, fait face à une recrudescence d’agressions violentes perpétrées par des groupes de jeunes délinquants surnommés les « microbes ». Ce phénomène, qui a vu le jour dans les quartiers populaires de la ville, implique principalement des adolescents âgés de 12 à 19 ans, armés de machettes et de couteaux. Ils attaquent les passants et les commerces, volant des téléphones et d’autres objets de valeur, souvent en plein jour, mais aussi à la tombée de la nuit.

La situation s’est particulièrement aggravée le 20 septembre 2024, lorsque des « microbes » ont attaqué les quartiers résidentiels de Bonapriso et de Bali, entraînant la mort d’un jeune homme qui faisait les cent pas dans son quartier. Ce drame a poussé les autorités à renforcer les mesures de sécurité, notamment avec un couvre-feu ciblé dans certaines zones, affectant directement les commerces et la vie nocturne. Les commerçants, particulièrement ceux des quartiers touchés, ont été contraints de réduire leurs heures de travail pour des raisons de sécurité, ce qui a fortement impacté leurs revenus.

Prenons le cas du quartier Bali pour ne parler que de celui-ci. La rue communément appelée « rue de la joie », autrefois animée par ses grillades prisées et ses clients affluents, est désormais presque déserte depuis la mise en place du couvre-feu. Ce qui était jadis un lieu de rencontre convivial est devenu une zone de peur et d’insécurité.

À partir de 18h, des voitures de police sillonnent les rues pour rassurer les populations sur les mesures sécuritaires mises en place par le gouvernement. Le gouverneur de la région du Littoral, Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, a annoncé plusieurs mesures pour tenter de contenir la situation. Parmi celles-ci, des opérations de ratissage dans les quartiers sensibles et l’arrestation de plusieurs jeunes impliqués dans ces agressions. À ce jour, huit assaillants ont été interpellés, et les autorités continuent d’encourager la population à signaler toute activité suspecte.

Les impacts de ce phénomène sont considérables. Outre l’angoisse qui règne parmi les habitants, la restriction des déplacements la nuit et la fermeture anticipée des commerces perturbent non seulement la vie nocturne mais aussi l’économie locale. Le secteur touristique a également subi un coup dur, avec des avertissements émis par le consulat de France, incitant les expatriés à redoubler de vigilance et à éviter certains quartiers après le coucher du soleil. Des hôtels et restaurants, qui dépendent en grande partie du trafic nocturne, constatent une baisse significative de leur clientèle, entraînant des pertes financières alarmantes.

À l’échelle économique, ces événements mettent également en lumière les conséquences à long terme sur l'emploi et le commerce. Les petits entrepreneurs, souvent les plus affectés, pourraient être contraints de fermer leurs établissements, ce qui entraînerait une augmentation du chômage dans une ville déjà en proie à des défis économiques. En outre, ce climat d’insécurité pourrait dissuader les investissements étrangers, entravant le développement économique de la région.

Le phénomène des « microbes » n’est pas nouveau, mais son intensification récente appelle à une réponse plus coordonnée entre les forces de sécurité et les autorités locales. Les commerces et les lieux de divertissement demeurent des cibles potentielles, nécessitant une attention urgente pour relancer la vitalité économique de ces quartiers.

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